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Journal #2 – Samuel
Septembre 2005 – A.k.a « Le mois de la Révélation »
« Ca doit faire deux ans que j’ai pas écris alors je vais faire vite pour résumer. (…) Il y a à peu près une semaine j’ai enfin mis des mots sur l’horreur de ma vie : JE NE SERAI JAMAIS HEUREUX PARCE QUE JE NE SERAI JAMAIS UN HOMME. Je n’arrive pas à être vraiment avec une fille parce que je ne peux pas accepter mon identité de fille dans cette relation. HIER j’ai enfin COMPRIS. Je n’avais en fait jamais fait le lien entre mes pensées, fantasmes, rêves et la… transsexualité. Parce qu’en fait être « trans » n’est pas lié à l’orientation sexuelle. Etre un homme dans un corps de femme. (…)
Maintenant que je sais que le changement est possible je ne sais pas où ça va me mener :
– Est-ce que je me trompe ?
– Vais-je un jour pouvoir l’accepter ?
– Passer à l’acte (transformation) ?
– Le dire à mon entourage ?
– Assumer une nouvelle identité ?
I don’t think so. Mais maintenant je me sens « mieux », moins seul, moins marginal et je sais que si un jour mon mal être est tel que la mort est la seule possibilité de réconfort, je pourrais toujours entamer un processus de transition et devenir celui que j’ai toujours été (et voulu être), Samuel (ndrl : tiens je me demande comment je suis passé à Samuel. Hum.) En gros je suis dans une putain de situation de merde (parce qu’être transsexuel n’est tout de même pas être un homme).
J’AI PEUR DE CE QUE JE VAIS DEVENIR. J’ai peur des gens, du regard des autres. Je me sens mal dans mon corps. Mais envisager une transition c’est tellement bizarre et tellement pas l’unique solution (je veux dire, ça ne règlera pas tous mes problèmes…?).
Que FAIRE ??? »
Sur la page suivante, et dernière page sur laquelle j’ai écrit quoi que ce soit, est inscrit :
4 commentsJournal #1 – David
J’ai toujours su que j’avais été incroyablement stupide pendant toute mon enfance puis adolescence. C’est parce que j’ai créé un monde parallèle et que je me suis réfugié dans un monde imaginaire, devenant mon alter égo, « David », à l’époque, que j’ai pu être un inconscient si longtemps.
Oui je me savais garçon. Et oui je me voulais garçon. Mais tout ce temps j’ai pensé que c’était de l’ordre du rêve, pas de la réalité. Je n’ai jamais pensé au fait d’être trans avant mes 19 ans.
Ce matin (en fait ce soir, je me suis pas encore couché – je sais, il est 10h du mat…) je relis mes vieux journaux.
Je viens de tomber sur une lettre dans laquelle je « prie » God. Je dis God parce que la lettre est écrite dans un mauvais anglais. « J’imagine que je suis un homme mais c’est irréel et je suis juste un putain d’ado de 15 ans qui a une putain de vie. » La lettre termine par V. alias D. puis plusieurs « it’s just a dream« . Je me souviens de cette période. Je vivais essentiellement dans le noir, dans ma chambre. À ce moment-là je peux même dire que je m’éclairais à la bougie et que je « trippais » à écrire ce type de textes avec une vieille machine à écrire. Hum. D’un côté ça me fait très très vaguement sourire, de l’autre j’ai vraiment pitié pour ce moi du passé.
Mais surtout je ne comprends PAS comment j’ai pu ne pas TILTER.
Du coup, voilà sur quelques années, des bribes de mes pensées. Bon par contre je vous épargne certains passages qui n’ont pas de sens pour vous, pour me focaliser sur mes questionnements de l’époque…
1999
Wow. Je vis des dramas sentimentaux vachement drôles avec « Kévin du stage » (putain, les 90’s quoi…), « Sébastien du Muc », « Nicolas le black », « Romain de la colo ». C’est très dur de lire tout ça sans éclater de rire. J’ai pour ce moi là du passé une petite affection. Après par contre plus vraiment.
Novembre 2000
« Je suis en 3ème, (…) j’aimerai être un mec, mais je me demande si je suis pas homo mais des gars me plaisent aussi. Bi ?? » …
Décembre 2000
Apparemment je fais une sorte de grève de la faim et je m’écris des trucs sur les bras avec un compas. Mouais….
À partir de l’année 2001
Ca fait schizo. Mon journal est écrit sous plusieurs noms. Parfois le « vrai » et souvent l’autre, D. donc…..
Février 2001
« Dès que quelque chose va bien je casse tout. Je peux pas supporter que les choses soient cool. »
Mai 2001
Je me questionne toujours sur mon orientation sexuelle en faisant des listes stupides. Rien de passionnant.
Août 2001
« Je ne suis PAS lesbienne. Un mec c’est parfait. » Lol, what the fuck ?
Septembre 2001
Je trouve ma vie pathétique et je veux partir vivre une autre vie à l’étranger. No comment.
Octobre 2001
« J’en ai marre de ma vie car je suis une FILLE. (…) Pourquoi je ne suis pas un MEC ??? »
Décembre 2001
« Je vois pas l’intérêt de vivre ! Pourquoi vivre si c’est pour pleurer. Je veux que mon rêve soit la réalité. Je veux que MA vérité soit LA vérité. »
Mars 2002
Je rédige une biographie imaginaire de « David ».
Août 2002
« Je me sens triste et vide, je sais que c’est con mais c’est pourtant le cas. Je crois que c’est parce que je ne suis plus « David » (ça fait au moins deux mois que je n’ai pas été lui) et cette « double vie » me manque parce que quand j’étais David j’oubliais mes problèmes. Mais now je ne PEUX plus être David car je n’ai plus la force de me mentir à moi-même. Je sais très bien que c’est faux, je suis pas et ne serais jamais un garçon. » Well, well, well. You were wrong my friend.
Dear Young Trans-men
Merci à Mr C., de m’avoir envoyé ce joli texte (trouvé sur un forum) que je trouve très beau et touchant :
« Dear Young Trans-men,
I love you. I love you in all your blustering, angry, beautiful frightening and fearful glory.
I get confused about how to relate to you.
I am torn between grabbing you and hugging you to my chest, shielding you from all the ugly things in the world and taking you over my knee, tanning your behind and toughing your skin.
I want to do both.
When you are hurt, I hurt with you.
When you get angry, I hurt for you.
When you are proud, I am proud for you.
I love to watch you walk around with your wispy new beards and glitter lipstick. I don’t understand you, but I secretly applaud you and would willingly kick anyones ass who attacked you.
I love to watch the emerging men, those like me who do subscribe to the male/female gender paradigm. I love to watch them grow into themselves, take on their confidence, become men (in the way I truly understand and relate to).
I love to watch the girly men who become softer as their bodies become harder.
I love to see the *average* normal joe.
I love how you throw caution to the wind and take to the streets in the fight for your beliefs.
I love you. I can’t help it. It’s the parent in me.
I don’t mean to be patronizing or belittling. I just have a big soft spot in my heart for you. I want to make you grill cheese sandwiches and tomato soup, listen to your stories and tuck you into bed and when you are big and grown, I want to shake your hand and pat you on the back and tell you that you done good.
You are the next vanguard. You will become the bulwark for the future. We need you more than ever. With Liberty university graduating more lawyers who are working in the government and making policies, we need you in schools. We need you educated. We need you ready to take leadership positions and to take the fight for our rights, and the rights of all others to the next level.
I need you when I am old and wrinkled and in some nursing home. I want you to smile when you see my naked body and remark how far our surgeries have come since *those* days. I want you in med schools and out there researching and developing and making history.
I am not going to lie to you. Sometimes you irritate the fuck out of me. Sometimes I just don’t understand you at all and feel like you are wasting your life and your breath on unimportant things while you should be doing something better. Sometimes I get exasperated with you and want to tell you to shut the fuck up and suck it up. Sometimes I feel like you are an entitled bunch of whiners.
But always on the other side of those thoughts (and I had them for my kids too).. is this incredible love and affection for you, and an intense desire to see you achieve and be the best you can be. No matter what that is. I look avidly at your websites and watch your pictures as you grow. Some of you I have followed very quietly for years. I have cheered you and felt disappointments in your disappointments. I have loved you and secretly worshipped you from afar. I have prayed for you in my morning and night prayers. »
Merci à cet inconnu.
1 commentDermato
J’avais rdv chez le dermato today. Marre de l’acné. Oui, je sais, mon cas n’est pas dramatique et ça pourrait être pire, mais ça me gave. Mais j’aimerais bien ne pas avoir l’air d’un ado qui a sauté trois classes à la rentrée, pour mon M1.
Avant d’y aller, j’étais saoulé à l’idée de devoir expliquer la situation. C’est vrai quoi, des fois j’aimerai bien être juste un normal guy qui consulte un médecin sans avoir a préciser quoi que ce soit. Cela dit, dans le cas présent, c’était utile.
J’ai ainsi pu apprendre que c’était mort pour le Roaccutane parce que :
1/ C’est mauvais pour la cicatrisation.
2/ Une personne de sexe féminin (et avant le changement d’état civil c’est légalement mon cas) ne peut pas s’en faire prescrire sans prendre la pilule… Ce qui est con parce que je ne risque absolument pas de tomber enceinte (irk) parce que a/ la testo a interrompu mes règles dès la première injection, b/ je ne pratique pas ça ce genre de rapport. En tout cas, prendre la pilule pour un traitement anti-acné, no way. Je l’aurai jamais fait avant la transition mais alors là, wow quoi.
Bref voilou. Je vais juste avoir un traitement lambda du coup (antibio, crèmes, etc).
Sinon le Dr a été très sympa et encore une fois j’ai eu l’impression que c’était pas son premier cas (ça se voit tout de suite, dans le regard de la personne, si elle a déjà eu un patient trans ou pas).
5 commentsPost-op #11 – Maj – A.k.a “I never thought I’d be so happy to see the color pink”
Hop, la vaseline a fait son effet, la croûte est tombée, a priori rien à signaler. Le contour du téton dont la croûte est partie est peut-être un peu moins net (rond) et un peu plus large (? pas sûr) que son voisin mais je sais pas encore très bien car il reste une sorte de couche « marron » sur la majeure partie des deux tétons. C’est comme une fine peau protectrice qui je pense finira par partir à un moment ou à un autre.
Par contre je ressens toujours un sentiment d’enquilose dans les pectoraux, ça commence à me gaver, surtout quand ça pourrait être cool (han, le teasing de la mort qui tue). Hâte aussi de retrouver totalement possession de mon corps et de pouvoir courir, sautiller, tout ça quoi…
Sinon je suis un peu tout le temps fatigué ces dernier temps, je sais pas trop pourquoi.
Comments are off for this postProtégé : Queer as folk ?
ABDEFG….HIJKLMN…OPQRST….UWXYZ
« O my brothers, some great bird had flown into the milkbar and I felt all the malenky little hairs on my plott standing endwise, and the shivers crawling up like slow malenky lizards and then down again. Because I knew what she sang. It was a bit from the glorious 9th, by Ludwig van. »
Well, well, well. Mes fantômes sont de retour.
Alors, pour rebondir sur le commentaire de A. « l’extra T-restre » (héhé, j’adore), l’autre jour, ce n’est pas si simple de distinguer en quoi la T influe dans le rapport nouveau que je peux entretenir avec la sexualité.
Très scientifiquement, je pense pouvoir dire après près de 5 mois sous T, que ma libido augmente très clairement une semaine après mon injection. Pendant trois ou quatre jours c’est « assez » (huhu) marqué. Et puis ensuite ça passe et j’ai souvent une phase de mini contrecoup (comprendre, « rah, la vie est dure, pourquoi l’alphabet n’a pas que 24 ou 25 lettres », toussa). Bon par contre c’est pas une règle absolue hein, et je refuse d’être l’esclave des hormones, même si j’y ai toujours été très sensible.
Néanmoins, en dehors de ces quelques jours de pur délire hormonal, il me paraît difficile de faire la part des choses entre ce qui vient du fait que je suis plus à l’aise avec mon corps, et ce qui est juste biologique/chimique.
Evidemment, avant la transition je n’étais pas facile à approcher, M. et d’autres savent de quoi je parle. Mais depuis la T, et surtout la mammec, tout mon rapport à mon corps a énormément changé. Je l’aime et le trouve beau, malgré ses marques et imperfections. Parce que maintenant ce corps c’est le mien. Et je conçois de plus en plus qu’on puisse l’aimer ou le désirer alors qu’avant je comprenais juste pas et j’étais (très) mal à l’aise vis-à-vis de ça.
C’est marrant parce que y’a quelques années on avait eu une discussion avec F., sur les corps de l’homme et de la femme, et que je n’arrivais pas à trancher sur celui que je trouvais le plus beau (alors que, elle, n’avait pas la moindre hésitation…). On en a reparlé l’autre soir et je reste sur mon doute initial. La différence c’est qu’avant il me semble que c’était parce que je désirais ces deux corps d’une façon différente, alors que maintenant, I wonder, est-ce vraiment toujours le cas ?
Enfin bref, je crois que la T en soit n’a peut-être pas une si grande influence, au quotidien. Mais ce que produit la T sur mon corps c’est, clairement, de le libérer. Ce qui se joue là est donc finalement plus un rapport de cause à effets que d’effets tout court…
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Voilà une bonne chose de faite ! En effet, suite à la réponse rapide de Bettye, l’infirmière adorable de Fischer, j’ai pu traiter les fils qui dépassaient (là où y’avait eu les drains) et m’embêtaient depuis un moment :
« Hi Sam, Just have someone take some tweezers and gently pull the suture and then snip it at the skin level. It usually breaks off at the skin level, but sometimes it needs to be cut off. I hope this helps. »
Du coup, muni d’une pince à épiler et de petits ciseaux préalablement stérilisés à l’eau bouillante, Mum et moi avons pu intervenir.
Du côté droit le fil était noir et fin, il est parti tout seul après l’avoir coupé. De l’autre côté, l’espèce de fil de pêche que j’avais n’est pas parti. On a juste coupé au niveau de la peau (pas assez prêt à mon goût mais bon, c’est difficile) et c’est quand même mieux.
Sinon, depuis trois ou quatre jours j’applique plusieurs fois par jour de la crème cicatrisante Cicaplast.
Et, last but not least, j’ai finally appliqué de la vaseline sur la croûte qui traîne trop à partir sur mon téton gauche (on sait jamais ce qui peut se passer sous un croûte épaisse après un certain temps). Normalement en mettant une noix de vaseline dessus et en laissant ça toute la nuit, elle devrait se ramollir et partir toute seule demain.
Voilou pour les petites nouvelles en direct du front.
C’est encore un peu gore mais god j’aime vraiment ce petit torse ! Même si bon, ma pilosité ce développe et je n’ai aucune idée d’à quel moment ça va bien pouvoir s’arrêter. Je sens bien que les mini poils actuels vont devenir plus visible very soon. Et ça, on n’aime toujours pas trop… M’enfin. On verra bien hein.
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Bon.
Il faut que je commence à penser à mes middle names, qu’il faudra bien que je choisisse à un moment ou un autre. En ce moment, j’aime bien le combo Samuel Hermann James. Ca m’amuse que ça n’ait rien de français, j’aime bien les trois, et la sonorité de l’ensemble. En plus, bon, c’est pas forcément fait exprès mais… Beckett, Hesse, Joyce quoi…
En tout cas, je crois qu’Hermann y sera, j’aime beaucoup le prénom, la sonorité et puis bon, il est significatif. Pour James on verra, ça pourrait être un truc plus drôle aussi. Ou plus banal. Bref, à voir, pour l’instant je me questionne juste. C’est assez trippant !
Héhé, je sens venir les suggestions, donc je le dis tout de suite, non, je ne m’appellerai pas Samuel Klaus Thor hein Mr C….
2 commentsLe fils de l’homme
C’est dingue. Tout à l’heure je discutais avec J. et j’ai réalisé un truc en évoquant mon père biologique pour dire que, non je ne crois pas avoir d’origines espagnoles (héhé). J’avais jamais vu la coïncidence linguistique. Hum. C’est donc lui le premier homme bio avec qui j’ai eu un rapport euh, « particulier »…
Ceux qui me connaissent savent que je parle peu de mon adoption. Parce que je m’en tape. C’est un fait. Ma famille est ma famille. Point. Mes géniteurs, bah, ouais, ils existent quelque part mais voilà, ça s’arrête là. Et ça m’a saoulé de passer mon enfance puis adolescence à dire « non non mais j’ai pas de problème avec ça » aux psy successifs.
Mais bon, évidemment la transition m’a renvoyé à lui. J’ai beaucoup bloqué sur ce point avant la T. Je n’arrivais pas à me projeter. Sans image. Je ne savais pas ce qui m’attendait. J’avais peur de ressembler à cet inconnu.
Je me suis aussi demandé si ça comptait pour moi de savoir qui ma mère bio était. Parce que post-T, je me vois tenter pas d’établir un contact (ce serait vraiment bizarre en ayant transitionné) et puis après le changement d’état civil ce sera de toute façon mort pour d’éventuelles démarches administratives.
Et puis un jour j’ai tiré un trait sur ça. Oui, je me demande si j’ai des demi frères ou soeurs quelque part mais bon, c’est la vie. Cette part de mystère m’intriguera toujours un peu j’imagine, mais sans que ce soit pour autant un problème.
Parfois je pense aussi au fait que moi aussi un jour j’adopterai probablement. C’est marrant cet effet de boucle. Enfin marrant n’est peut-être pas le mot mais bon. D’une certaine façon je trouve la vie ironique.
Et puis y’a aussi cette idée de « survivor ».
Né sous X, mon « destin » a déjà changé une fois.
Né biologiquement fille, je vis aujourd’hui en garçon.
Deux changements comme ça c’est déjà pas mal pour une vie, j’espère qu’il m’en reste pas sept….
Ps : Si vous n’avez pas vu le film Children of men (Le fils de l’homme donc) il faut absolument le faire. Tout de suite. C’est un des très bons films de la décennie.
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