L’être et le néon
Oui donc. Tout à l’heure je voulais vous parler de ce qui me travaille en ce moment. Il y a mille façons de vivre une transition et je ne sais pas si le phénomène que je m’apprête à tenter de décortiquer est propre au fait d’être trans ou propre à moi.
Déjà, par ce premier questionnement on voit bien le paradoxe. Le fait d’utiliser la complexe dichotomie moi / trans implique toute une série de questions supplémentaires…
Mais bref. Avant de me lancer le sujet je voudrais juste préciser que jusqu’à présent j’ai toujours agi dans la vie grâce à des déclics instinctifs qui ont pu se faire parfois du jour au lendemain, d’une minute à l’autre. Je ne parle pas de prises de décisions (qui tiennent un temps dans certain cas mais ne font pas le point à la résistance de l’être lorsqu’il s’agit de quelque chose d’important) mais bien de déclic. Ce moment où, soudainement, la chose devient possible alors que la veille on ne voyait qu’un mur devant soit.
L’idée que j’essaie d’exprimer là c’est que je crois que, bizarrement, j’obéis plus à l’instinct qu’à autre chose. Et je ne peux passer les étapes qu’une fois un certain processus de maturation (dont je ne contrôle pas la fin) est effectué.
Ces temps-ci, je réalise qu’avec la transition s’achève des années de rêve / idéalisation / fantasme sur mon moi à venir.
Et le choc est assez brutal.
Comme je le disais, parce qu’il est difficile de savoir quelle part de ses comportements vient du fait qu’on est trans, et quelle part vient du fait qu’on est soit. Mais on est, on se construit, etc, aussi parce qu’on est trans. En gros, c’est un beau foutoir et le serpent se mord la queue ! L’oeuf ou la poule, tout ça…
Alors vous me direz que ça ne sert à rien de chercher à savoir qui on est vraiment ou de faire la part des choses vu que ça ne change rien, ou presque.
Mais si je me pose aujourd’hui la question c’est parce que je dois aujourd’hui accepter l’idée que certaines choses ne changeront pas, en tout cas pas parce que je suis désormais dans le bon corps. Si elle changent, ce sera parce que ce sera mon choix, puis un effort.
Prenons un exemple très concret : le corps. Ce corps d’homme, ce torse par exemple, lorsqu’il était rêvé il était forcément parfait. Et maintenant je vois bien que si je ne fais pas de sport il ne va pas se muscler tout seul (bon, pour l’instant j’ai l’excuse de l’hysté à venir : ça sert à rien de se remettre à courir pour arrêter dans trois semaines hein !).
Cela dit, ô joie, je vis en ce moment un phénomène génial : j’ai pris du poids (oui bon, les fêtes, toussa) mais j’ai perdu des hanches de façon visible par moi, et ça, c’est vraiment un grand bonheur !).
Bon allez, c’est tout pour aujourd’hui, je pense que de toute façon je reviendrais sur cet atterrissage « post-transition » (dans le sens, ces pendants lesquels chaque jour quelque chose est nouveau) et ce rapport nouveau avec mon identité « réelle » (et non plus fantasmée) bien assez tôt. D’autant plus que c’est le grand sujet de travail en ce moment avec mon psy…