Pennsylvania –> Delaware –> Maryland
Aujourd’hui on est retourné à Timonium pour qu’on m’enlève les drains. J’appréhendais un peu mais j’avais hâte de voir sous les pansements !
Arrivé là-bas, après deux heures de route, c’est une autre infirmière, Debbie qui s’est occupée de moi.
Bon. Je vais commencer par le compte-rendu technique (un peu gore) qui en intéressera sûrement plus d’un du côté de mes potes FTM. Désolé pour ceux qui n’ont pas envie d’en savoir trop, à la limite, sautez ce paragraphe.
Donc. Elle a d’abord retiré la veste de compression puis les gros pansements qui étaient collés sur ma peau. Y’avait une sorte de matière genre patafixe jaune sur mes tétons (chelou) qu’elle a enlevé aussi. Les tétons ont des croûtes (qui vont tomber pour laisser place à la nouvelle peau) c’était un peu trash. Ils ont quand même autour des cicatrices une sorte de pansement qui s’enlèvera avec le temps. Pareil sur les cicatrices latérales. Ensuite elle a retiré les points de sutures autour des drains, a désinfecté et les a enlevé. C’est pas vraiment une partie de plaisir : ça tire un peu et puis ça brûle à l’endroit où c’était attaché, à l’intérieur. Et surtout c’est absolument dégueulasse de sentir un bout de caoutchouc (ou plastique) passer vite sous la peau. Ensuite j’ai constaté que j’avais deux mini branchies (des trous à l’endroit où les drains étaient). Elle m’a donc mis deux pansements et m’a dit de ne pas prendre de douche avant vendredi (aaah) pour ne pas risquer d’infection. Elle m’a dit que les pansements sur les cicatrices s’en iraient tout seuls avec le temps et m’a posé une sorte de compresse (non collante pour pouvoir la remettre après les douches), juste en dessous de la veste.
Elle m’a ensuite donné quelques conseils, et m’a dit de faire tranquille les jours prochains pour éviter que l’effort ne complique le rattachement de la peau qui a été bougée à mon corps (les frictions générant des « fluides » qui étaient avant évacués par les drains, mais qui pourrait, s’ils dépassent les 25 ml / jour, couler d’une façon dégueu mais normale). « Give you a week, stay at home ». Ok. On va faire tranquillou alors, en espérant que l’avion de samedi ne traverse pas des trous d’airs et autres trucs dans le genre qui pourraient me faire regretter le chauffeur de bus de Philly !
Voilà, une fois la partie technique évoquée, je vais tenter (tenter parce que c’est difficile à mettre en mot) de parler de mon ressenti.
C’est bizarre, avant de voir le résultat, je n’arrivai pas tout à fait à croire que, enfin, c’était fait. Je me disais « putain j’ai un torse !! » Mais finalement voir le résultat a été très naturel. Pas de « wow, truc de ouf », au contraire. C’était logique. Evident. Comme si j’avais toujours eu un torse.
J’imagine que c’est un peu difficile à imaginer mais vraiment, ça me paraît très normal et du coup je suis pas du tout surexcité, juste satisfait (parce que le résultat est impeccable, même si je dois encore guérir) et très très calme. Apaisé et heureux.
J’ai hâte que ça cicatrise bien, que la phase un peu gore soit passée (parce que ça me fait des petits frissons parfois, comme quoi, je suis pas complètement débarrassé de ma phobie du sang and co). Hâte de prendre un martini avec glaçons dans la cour au soleil à Montpellier, avec juste un t-shirt à même la peau, et la possibilité infinie de prendre des douches (puisque apparemment il fait 38° à 21h là bas…).
Je ne pense pas que ton ressenti soit bizarre, il est normal que tu aies toujours cru avoir un torse puisque c’est ce qui aurait du arriver, mais la nature a fait une erreur réparée à présent. Entre temps ton cerveau, qui est bien fait quand même parfois, a effacé les souvenirs d’avant pour ne garder que ce qui est normal.
Cela doit faire partie des mystères du système cognitif.
Même les parties gores de ton récit donnent envie de passer sur la table d’opération…