Archive for the 'Transition' Category
2009
En ce moment je me replonge un peu dans mes vieux écrits – ceux de la période noire – que je n’avais aucune envie de relire il y a quelques mois.
Aujourd’hui c’est différent. Je repense souvent à un passage du livre de Yanni Kin : « Lorsque tu seras arrivé au bout de ta route, alors tu pourras t’asseoir, contempler tous ces chemins qu’il t’a fallu emprunter pour en arriver là où tu seras, et puis, enfin, tu pourras dormir. »
Je sais que je ne suis qu’au début du chemin, mais je ne vois plus un mur. Au contraire, la route est dégagée. Et finalement, malgré une année 2007 vraiment sans fin (littéralement), je ne suis pas si loin des projections que j’avais fait, un matin optimiste de février 2007, en écrivant une lettre que je n’ai jamais envoyé à F. :
« À ce propos. Evidemment, le fait que j’aille mieux, que mon « équilibre biochimique » semble se stabiliser, et que j’ai désormais extrêmement hâte de me faire piquer et de passer sur le billard (pourtant tu connais ma passion pour les seringues, la vision du sang & co…), ne fait pas dire à mon psy « gooo ». Il veut voir comment j’évolue, etc. C’est chiant. Avec de la chance, je pourrais commencer cet été (ce qui va m’emmerder un peu quand même pour la chaleur, la plage, etc).
Je pense que dans ce domaine le fait d’en parler à mes parents aidera à lui faire me donner accès au traitement.
De toute façon mon but et quand même de réduire au maximum le temps à vivre en tant qu’androgyne (visiblement je veux dire, parce qu’avant le changement d’état civil je le serai toujours). Ce temps est au minimum de 3 ou 4 mois, le temps d’avoir les premiers effets de la testo (voix surtout, pour passer). Donc je pense que je couperai mes cheveux que très peu de temps avant la testo (je psychote grave là-dessus, quelle coupe etc, je pense que je vais opter – au début en tout cas – pour le symbole et les couper très très cours).
Après, si je commence la testo cet été j’aimerai (il me faut quand même 8000 $) aller me faire opérer à San Francisco, si possible en janvier ou février 2008 pour pouvoir cicatriser avant l’été 2008.
Ensuite il me restera l’hystérectomie et le changement d’état civil qui est long (minimum 6 mois), chiant et horrible : avoir son corps de mec, de la barbe et devoir passer ses exams, ses rendez-vous professionnels & co sous le nom de V….
Avec un peu de chance je devrais donc naître Sam aux yeux de mes proches cet été, et aux yeux de l’administration aux alentours de 2009… Mais ça me réjouit hautement. »
Malgré le décalage d’un an, je fais globalement ce que j’avais prévu, et je naîtrais administrativement en 2009. Ca me fait vraiment plaisir de voir que finalement j’ai réussi à trouver une porte dans le mur, et qu’effectivement il y avait cette putain de route derrière…
Comments are off for this postSam 2.1
J’ai envie de reprendre cette idée de plénitude nouvelle évoquée dans le précédent post. Parce qu’en fait, j’ai surtout évoqué ici les changements physiques. Mais le mental suit. Plus j’avance dans la transition, mieux je me sens. Je sens que petit à petit je retrouve une vitalité, une joie de vivre et énergie que la dépression avait enterré bien trop longtemps. Et puis bien sûr il y a ce sentiment général de bien être qui me fait vraiment apprécier les choses sous un angle totalement différent. Je redécouvre, je réapprends, c’est fou. Je crois que je suis shooté à la pilule du bonheur…
On en parlait tout à l’heure avec C. et D., ce pas – mental – franchi ces derniers temps, m’amène à la version 2.1 de moi-même (So Geek. I know). Il y a deux mois c’était autre chose. J’avais eu ma première piqûre mais j’avais l’impression désagréable d’être dans une salle d’attente. Je n’avais pas franchement la motiv’ de quoi que ce soit, je voulais juste pouvoir être projeté dans le temps, avoir la voix plus grave, etc.
J’ai passé un bon mois à être relativement fermé sur moi-même. Pas parce que les autres me gonflaient ou quoi que ce soit, mais parce que j’avais juste envie que le temps passe. Et souvent dans ces cas je me plonge dans le cinéma. Voir des films. En permanence. Trois ou quatre par jours. Fuir la réalité.
J’étais assez froid avec mes colocs, me limitant aux contacts minimums. Ce qui m’embêtait parce que j’avais totalement conscience que c’était moyennement sympathique, mais rien à faire, j’avais juste du mal à prendre le moindre plaisir dans ce quotidien sans histoire…
Plus le temps passait, plus je me disais que ça pouvait plus durer. Vivre avec trois autres personnes et ne plus être que l’inconnu au fond du couloir. Pas top.
Et puis comme toujours dans ce genre de cas, la situation a changé, d’elle-même. Je n’ai soudain plus eu très envie de regarder de nombreux films. J’avais envie de me re-sociabiliser, de m’ouvrir plus, de profiter de ces derniers mois de coloc.
La redescente dans le monde des hommes s’est faite progressivement. Sur deux semaines je dirais. Recommencer à discuter le soir avec eux. Recommencer à sortir, à assister à des évènements sociaux. Bref, reprendre pieds dans la vie réelle.
C’est la donc la version 2.1 de Sam qui vient d’arriver, à télécharger dès maintenant sur le site.
Je crois qu’en fait j’avais juste besoin de me sentir mieux dans ma peau. D’avoir une voix plus grave pour recommencer à parler. De renvoyer une image plus masculine aux gens pour les laisser me regarder.
Enfin voilà, je voulais revenir sur la période un peu complexe dont je viens de sortir, où j’étais partagé entre joie sincère de démarrer et impatience frustrante d’en voir les effets…
D’ailleurs, j’en n’ai jamais vraiment parlé avec D., C., et M., donc je me demande un peu l’effet qu’a pu leur faire le constat de ces différentes phases… Et puis, même si j’ai pas vraiment eu l’occasion de leur dire désolé pour ces quelques semaines un peu bizarres, où j’étais plus un fantôme qu’autre chose, je sais qu’ils liront ce blog un jour ou l’autre, c’est déjà ça…
1 commentT Day
Oui donc comme prévu lundi j’ai eu ma 4ème injection.
D’ailleurs, c’est de plus en plus bizarre à la pharmacie. Ca m’amuse relativement cela dit, de voir les gens bloquer devant l’ordonnance. De la testo pour apparemment un jeune type mais qui se trouve avoir une carte vitale avec un petit « 2 » et un prénom féminin. Hum… En plus l’endoc a enlevé le « Mlle » sur l’ordonnance, et a simplement mis mon initiale pour le prénom.
Sinon au centre médical c’était marrant parce que c’était l’infirmière que j’avais eu la première fois, mais pas depuis. Du coup elle a halluciné sur les changements, « le bas du visage », les épaules, la voix…
Pendant la piqure j’ai eu ma – désormais habituelle – sensation de planer pendant quelques brefs instants. J’arrive toujours pas à vraiment mettre de mots sur la sensation cela dit. C’est entre ce que j’imagine être la sensation d’un shoot, et quelques secondes de détachement total de mon propre corps. Ou du sol. Ou des deux.
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« Alors on est le + date » est ma catchline pour voir si ma voix à changé. Et mine de rien, le résultat en si peu de temps est saisissant ! Bon après faut pas non plus tripper trop, la voix est de toute façon ce qui change le plus vite dans une transition.
Ce que je me demande maintenant c’est jusqu’où elle descendra…!
Voix 5 : 25/04/08
Voix 4 : 14/04/08
Voix 3 : 24/03/08
Voix 2 : 17/03/08
Voix 1 : 26/02/08
Marrant hein ?!
Comments are off for this postCe que je deviens
C’est marrant, pour certains, le titre de ce post à été synonyme il y a quelques mois d’une énorme me révélation me concernant… et aujourd’hui il signifie encore beaucoup, tous ces changements, cette nouvelle vie que je découvre un peu plus chaque jour !
Et oui, à la demande générale (si si !), j’ai décidé de reprendre mon blog pour diffuser plus largement des news régulières de me, myself and I.
Attention je n’écrirais probablement pas des romans à chaque post, et je n’ai encore aucune idée de la fréquence à laquelle j’écrirais.
Mais j’essayerai de poster régulièrement des infos me concernant (sur les changements physiques, mon évolution psychologique, les opérations à venir et puis d’autres trucs) ainsi que des photos pour que les gens qui ne me voient pas souvent puisse suivre cette transition.
Voilà, après près de 2 mois de traitement, je poste donc ma bouille du jour. Prochaine piqûre lundi.
Je posterai un message plus long sur les différents changements qui ont eu lieu dans ma vie depuis la testo soon, mais pour l’instant, il est un peu tard.
À bientôt !
Comments are off for this postThe Party
Tadam, voici des tofs de me, myself and I à la soirée de ce wikend à l’appart… Premier vrai test avec des gens que je ne connaissais pas forcément (pour certains – qui savaient qu’un trans était un des colocs pourtant ! – pas le moindre problème, ils ne s’en seraient jamais douté !) ou que je connaissais d’avant (là c’était plus tendu dans certains cas j’ai eu droit à un « t’as coupé tes cheveux non ? ». No comment). Mais bon, dans l’ensemble je suis passé nickel, tout le monde a été globalement bluffé par les changements qui se sont déroulés en à peine 1 mois et demi (le changement de carrure et la voix surtout) !
Bon enfin, concernant la tof ci-dessous, pas le droit de se moquer « l’effet bogoss » est voulu hein ! ;-p
Et là c’est pour le del « tiens t’as pris un peu de muscle toi non »… Oui. On peut dire ça en effet. Une dizaine de kilos de muscle en fait d’après les appareils de mesure de l’endoc…
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1ère injection ce matin.
Tout s’est passé vite. J’ai reçu mon ordonnance, suis allé cherché l’androtardyl dans une pharmacie et j’ai filé au centre médical pour me faire piquer par une infirmière.
Elle était sympa et m’a tout de suite mis à l’aise en me parlant au masculin et en me questionnant sur les effets à venir.
Bref pas de gène, mais pas d’euphorie non plus. Simplement une piqure rapide, pas douloureuse et puis un grand sentiment de calme et de joie.
Pour l’instant évidemment je ressens rien de particulier, j’ai juste hâte de voir les premiers effets apparaître !
C’est bizarre comme sentiment d’ailleurs, se sentir envahit d’une substance libératrice qui va lentement mais sûrement faire son effets dans les jours et mois à venir…
Comments are off for this postLabo, pharma…
Aah, je me sens tout faible. Je mange enfin après un long jeune et m’être fait vidé de mon sang. Je suis allé faire mes examens sanguins ce matin. J’espère qu’il y aura pas de problème avec les résultats…
Résultats que j’aurai ce soir à 17h, sauf pour la testostérone parce que ça se fait dans un autre labo. Je recevrai donc les résultats par courrier d’ici la fin de la semaine normalement (merde, je viens de penser que je serai à La Baule, mh).
Ah et ouais c’était énorme à la fin la fille qui m’a vidé de mon sang m’a dit (avec mon dossier – avec mon nom et tout – sous le nez) : « Au revoir monsieur, oh euh, pardon, je me trompe parfois ».
C’est marrant ce que les gens sortent quand ils sont embarrassés… « Je me trompe parfois »…!
Grand sourire de ma part « Y’a pas du tout de problème, au revoir ». J’ai souri connement pendant tout le retour du trajet.
Comme l’autre fois chez le pharmacien.
Moi : Bonjour,
Pharmacien : Bonjour jeune homme,
Moi : Je voudrais du Spasfon (!!) s’il vous plaît.
Pharmacien : Voilà mon grand.
L’hallu.
C’est fou ce qu’un pronom peut faire au moral (et inversement mais ça, c’est une autre histoire…).
Comments are off for this postL’Eclipse
Voilà plus d’un an que je n’avais pas vraiment écris sur ce blog… Pourtant je l’ai gardé en mémoire, et consulté regulièrement pendant l’année 2007. Année vide au passage. Enfin, certainement pas totalement vide, mais qui restera invisible je pense.
Alors, pourquoi reprendre le clavier ?
Et bien tout simplement parce que tout a changé.
Je ne suis plus apeuré par l’idée d’être trans, ou par celle d’avancer.
Je me suis coupé les cheveux.
Mes parents savent. Ma famille et mes amis aussi.
Je porte mon binder tous les jours même si parfois c’est pas très agréable à porter. Mais comparé au bonheur de porter des t-shirt avec un torse plat, le léger sentiment d’opression du binder n’est rien…!
Comments are off for this postLe Chemin
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être un garçon. J’ai toujours imaginé (puis écris) des histoires dont j’étais le héros. Détective, prince ou pirate, avocat puis réalisateur, je me plaisais à vivre dans ces rôles imaginaires que je me donnais, rôles d’ailleurs souvent, il faut l’avouer, un peu prétexte à séduire (virtuellement donc…) des filles… Cette sensation de liberté fait de l’enfance une période merveilleuse car elle permet de s’épanouir pleinement, sans introspection, sans comparaisons, sans jugements – des autres ou de soi-même -, sans culpabilité, sans peines…
À cette époque je ne cherchais pas à comprendre le pourquoi du comment (pourquoi l’aurais-je fais ?), ça me paraissais normal ; enfant unique, j’avais mon monde imaginaire et m’y plaisais. Je n’ai jamais vraiment vu le décalage entre mon corps et mon esprit fougueux de jeune garçon, du moins, jusqu’à ce que la souffrance (et la haine / jalousie, du coup, des garçons) dû à la frustration n’apparaisse, à l’adolescence (puberté / prise de conscience de ma différence/frustration durant l’année de seconde qui fut d’ailleurs très très dure, sans que je puisse encore expliquer pourquoi). Je n’ai jamais non plus vraiment regardé mon corps, sauf petit où je trouvais ça bizarre quand même (du moins, encore une fois, jusqu’à ce que celui-ci change), après avoir accepté (avec honte de m’être « trompé ») qu’il était « normal », j’étais plutôt bien dedans, faisais ce qu’il me plaisais, jouais au foot, grimpais dans les cabanes, construisais des châteaux de sable que je défendais contre vents et marrées, en somme, ne me préoccupais pas du paraître mais seulement de l’être. Et cet être était bien, joyeux, heureux, et avait de nombreux amis.
Et puis l’adolescence est arrivée, période bizarre, entre le milieu du collège ou je me proclamais « 100% hétéro » (j’ai mis beaucoup de temps à comprendre cette drôle d’affirmation avait pu vouloir dire) et le lycée ou je m’avouais difficilement homo (que pouvais-je être d’autre, puisque j’aimais les filles ?), tout en étant absolument incapable de me concevoir avec une fille. Ce paradoxe a été le début de ma souffrance. Comment faire, dès lors, pour être heureux ? Profondément mec dans ma tête (et dans mes « vies parallèles » développées comme de multiples fantasmes imaginaires dès que je me retrouvais seul dans ma chambre), j’étais incapable, bien qu’attiré uniquement par les filles, d’agir. Car si la perspective de deux filles entre elles me plaisais – euphémisme ! – beaucoup, il était absolument impossible pour moi (ça l’est toujours) de me projeter, en tant que fille, avec une fille. La perspective de nos deux corps identiques me bloquais, rien à faire, j’avais simplement envie d’elles en tant que mec, et ne pouvais pas affronter leur regard ou caresse sur ce corps de fille. Je voulais juste leur faire l’amour en tant que mec, pouvoir les laisser me toucher sans éprouver de la honte ou du dégoût de moi-même.
Ce qui m’intrigue aujourd’hui est que jamais, jusqu’à un pur hasard de déambulations internautiques, je n’ai envisagé la transexualité, je n’avais pas vu le « lien »… Sans doute à cause de mon inculture dans le domaine et de mes préjugés (l’existence de FTM ne m’avais pas d’ailleurs pas effleuré l’esprit), j’avais simplement l’impression de vivre un horrible paradoxe (ne pas me sentir fille et désirer plus que tout être un mec) sans pouvoir imaginer que cela puisse être possible. Surtout que, fondamentalement, ce corps de fille, je ne le détestais pas « en tant que corps de fille », il me gênait simplement dans mes rapports avec la sexualité et je voyais surtout un décalage : soit cela ne me plaisait pas (forme des cuisses / hanches) soit je trouvais ça féminin mais bizarre sur moi (seins, visages trop fin, jambes épilées, ça « faisait femme ») sans pour autant remettre en cause le truc (qui paraissait évident, « c’est mon corps, c’est moi »…).
D’ailleurs, ma première réaction (après le choc) a été de me dire que ce n’était, effectivement, pas possible… Devoir affronter tant de problèmes, renoncer à une carapace de fille bien rodée et que je commençais à accepter pour un corps imparfait et une situation encore plus marginale. Le rêve du « couple-hétéro-parfait » ne me serais donc jamais accessible, pourquoi donc, alors, affronter tant de problèmes ??
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